par Li Jing
Un nouveau modèle agricole produit des légumes de manière écoresponsable tout en promouvant le développement rural
Une famille est occupée à cueillir des légumes dans une ferme écoresponsable en Chine.
Sur la ferme Le Petit ?ne, située en banlieue nord-ouest de Beijing, des enfants de la crèche Qingdehui, accompagnés de leur enseignante et de parents, apprennent des connaissances de base sur la croissance et la cueillette des légumes et fruits.
? Nous espérons que les enfants puissent comprendre comment les aliments sont produits et apprennent à les chérir tout en s’amusant ?, dit l’enseignante Liu Qianqian àCHINAFRIQUE.
Selon Mme Liu, tous les légumes cultivés ici sont produits de manière écoresponsable,c’est-à-dire qu’ils n’utilisent ni pesticides ni engrais. La plupart des légumes utilisés dans sa crèche proviennent d’ailleurs de cette ferme, offrant aux enfants des aliments sains.
Ces dernières années, de nombreuses petites fermes comme Le Petit ?ne ont vu le jour aux abords des grandes villes. Elles offrent divers services tels que la location de la terre et la distribution de légumes,en plus d’être des lieux de loisirs pour les citadins. Plusieurs d’entre elles, comme Le Petit ?ne, se conforment à une série de principes qui sont résumés sous l’étiquette d’ASC, à savoir l’agriculture soutenue par la communauté.
Le concept de l’ASC, né en Suisse dans les années 1970, s’est répandu progressivement dans le monde entier. Ayant pour but de partager les avantages et d’atténuer les risques, l’ASC vise à construire des relations amicales et directes entre les agriculteurs et les consommateurs en éliminant les intermédiaires. En 2008, la ferme Le Petit ?ne a adopté le modèle ASC et est devenue l’un de ses plus fervents représentants en Chine.
? Nous espérons transformer Le Petit ?ne en une miniature d’un village chinois.Ainsi, les visiteurs qui viennent ici pourront découvrir la culture et la vie d’un village chinois ?, explique Huang Zhiyou, directeur général de la ferme, àCHINAFRIQUE.
Avec le développement économique du pays et l’amélioration du niveau de vie, les Chinois accordent de plus en plus d’attention à la sécurité alimentaire. Par conséquent,la demande pour des aliments biologiques augmente. Parce qu’il s’accorde bien aux concepts de la vie moderne, les experts estiment que le modèle de l’ASC convient parfaitement aux consommateurs chinois.
? L’ASC met l’accent sur l’agriculture biologique, qui utilise des engrais organiques au lieu de pesticides, d’engrais chimiques et herbicides. En appliquant des méthodes intelligentes et biologiques, nous respectons la diversité de la nature ?, dit M. Huang.
Dans la ferme Le Petit ?ne, par exemple,les citadins peuvent louer un terrain de 30 m2 pour 2 000 yuans (environ 290 dollars) par an. Sous la direction de professionnels, les citoyens effectuent certains travaux tels que l’ensemencement et la fertilisation, et récoltent en fin de compte les fruits de leur labeur. Ceux qui n’ont pas suffisamment de temps peuvent engager l’aide de professionnels pour terminer les travaux pour 3 600 yuans (environ 520 dollars) par an. Les légumes, une fois récoltés, leur seront directement envoyés.
? Dans le passé, les consommateurs ne savaient pas d’où provenait leur nourriture. L’ASC permet d’établir un lien efficace entre les zones urbaines et rurales afin que les citadins puissent manger des légumes sans s’inquiéter de leur provenance ?, dit M. Huang.
Le concept de l’ASC permet aussi d’enrichir les temps de loisir des citoyens qui vivent au rythme rapide des grandes villes.Ces derniers peuvent profiter de leur temps libre pour cultiver et cueillir des fruits et des légumes avec leurs familles, redécouvrant ainsi la culture rurale.
? Aujourd’hui, j’ai cueilli des radis, des concombres et des poivrons, et j’aimerais revenir ?, s’exclame dit Kuankuan, un gar?on de quatre ans de la crèche Qingdehui.Après sa cueillette, il a également pu se régaler de plats cuisinés avec les légumes cultivés dans le parc agricole.
Et il n’est pas le seul : selon M. Huang,Le Petit ?ne a fourni plus d’un million de kilogrammes de légumes biologiques à plus de 2 000 foyers à Beijing au cours des dix dernières années.
L’ASC met l’accent sur l’agriculture biologique,qui utilise des engrais organiques au lieu de pesticides, d’engrais chimiques et herbicides.En appliquant des méthodes intelligentes et biologiques, nous respectons la diversité de la nature.HUANG ZHIYOU,directeur général de la ferme Le Petit ?ne
Que ce soit les catastrophes naturelles, les ravageurs ou les maladies, les agriculteurs sont constamment en proie à de nombreux risques. Pour eux, le modèle ASC est aussi un moyen de répartir les risques.
? Puisque l’ASC prévoit le paiement en avance, les agriculteurs peuvent commencer à produire sans avoir recours à un prêt bancaire. C’est donc une garantie financière pour les agriculteurs ?, explique M. Huang.
L’ASC peut aussi apporter une solution au phénomène de la fuite des cerveaux,qui demeure un problème grave dans le secteur agricole. Avec le développement économique de la Chine, de plus en plus de jeunes ruraux hésitent à s’engager dans une agriculture à faible revenu, et essaient plut?t de trouver du travail dans les grandes villes.
Selon M. Huang, l’ASC est en mesure d’inciter un grand nombre de jeunes à retourner dans les campagnes, promouvant ainsi la revitalisation du secteur agricole.
? Nous devons mobiliser la jeune génération de paysans pour qu’ils s’engagent dans l’agriculture en leur donnant une garantie de vie et une dignité, afin de réaliser le développement durable des talents ?,explique M. Huang.
Bien qu’il soit reconnu par de plus en plus de gens, le concept de l’ASC doit encore faire face à de nombreux défis.
Tout d’abord, le modèle de prépaiement signifie que les consommateurs doivent établir une relation de confiance stable et à long terme avec les agriculteurs. Gagner la confiance des citadins est donc un défi de taille.
Deuxièmement, comme l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides n’est pas permise, l’ASC doit respecter strictement les lois naturelles de la croissance des légumes. De fait, les fermes de l’ASC ne produisent que les légumes de saison. De plus,l’interdiction d’engrais chimiques signifie aussi des rendements moins importants.
En outre, en tant que nouveau modèle de développement agricole, l’ASC a besoin d’un fort soutien politique. ? En plus de la participation du public, l’ASC a besoin d’un appui gouvernemental. Il faut mettre accent sur l’agriculture dans la planification urbaine et rurale, et encourager la construction de fermes ASC autour des villes, pour assurer le développement durable de l’agriculture ?, dit M. Huang.
Malgré ces défis, l’avenir s’annonce prometteur pour Le Petit ?ne. La ferme a organisé sept conférences nationales autour de l’ASC depuis 2009, accueillant plus de 5 000 représentants venant de plus de 30 pays. à ce jour, Le Petit ?ne a réussi à incuber plus de 500 fermes ASC, menant à la création de l’Alliance ASC de la Chine en 2017. CA