GEORGE N.TZOGOPOULOS

La dernière semaine d’octobre,le conseiller d’état et ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est revenu en Europe.Le voyage est intervenu environ un an après sa première tournée européenne pendant la pandémie.Il s’était alors rendu en Italie,en France,en Allemagne,aux Pays-Bas et en Norvège.Cette fois,il a encore fait escale en Italie et s’est envolé pour la Grèce,l’Albanie et la Serbie.Cette nouvelle visite démontre la volonté de la Chine de développer des relations solides avec plusieurs états européens.

Le pont maritime de Peljesac en Croatie,construit par une entreprise chinoise,a été achevé le 28 juillet 2021.

L’Italie et la Grèce sont à la fois des états membres de l’UE et de l’OTAN,l’Albanie n’est membre que de l’OTAN et la Serbie n’appartient à aucune des deux institutions.Ces caractéristiques génèrent des cadres différents dans lesquels évoluent les relations bilatérales avec la Chine.L’Italie et la Grèce,par exemple,n’ont pas re?u de vaccins chinois dans la lutte contre le COVID-19,alors que l’Albanie et la Serbie en sont bénéficiaires.En outre,l’Italie et la Grèce alignent leurs politiques économiques sur le mécanisme dit ?de filtrage? de l’UE vis-à-vis des investissements en provenance de pays étrangers,ce qui n’est pas une obligation pour l’Albanie et la Serbie.

Le Parlement grec a approuvé le transfert d’une participation de 16 % de l’Autorité portuaire du Pirée à COSCO Shipping.

Cependant,ces cadres différents ne limitent pas l’appétit des quatre pays à renforcer leurs liens avec la deuxième économie mondiale.L’investissement de COSCO Shipping dans le port du Pirée constitue un projet phare de l’initiative ?la Ceinture et la Route?.Le 27 octobre,lors de sa conférence de presse conjointe avec Wang Yi,le ministre grec des Affaires étrangères Níkos Déndias a déclaré qu’il attendait avec impatience le nouveau projet d’investissement dans le plus grand port de la Méditerranée,l’un des plus grands au monde et peut-être le plus historique,et l’expansion de l’activité économique qui profite à la société locale.Il y a quelques semaines,le Parlement grec a approuvé le transfert d’une participation de 16 % de l’Autorité portuaire du Pirée à COSCO Shipping.

Pour sa part,l’Italie,premier état du G7 à avoir adhéré à l’initiative ?la Ceinture et la Route? en mars 2019,voit actuellement ses relations avec la Chine à travers le prisme de sa présidence du G20.à cet égard,le r?le de la Chine pourrait être crucial pour assurer la coopération contre la pandémie et une meilleure coordination des grandes puissances dans l’espoir de stabiliser l’Afghanistan après le retrait des troupes américaines en ao?t.Par ailleurs,Milan prendra le relais de Beijing dans l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2026.

En ce qui concerne l’Albanie et la Serbie,elles envisagent toutes deux de devenir membres de l’UE,et la première a quelques longueurs d’avance.Cependant,un récent sommet européen n’a fourni aucun calendrier précis.Bien que l’UE reste attachée au développement économique de tous les pays appartenant aux Balkans occidentaux,y compris l’Albanie et la Serbie,ces deux nations se tournent constamment vers d’autres acteurs – non seulement la Chine,mais aussi la Russie et la Turquie – pour des initiatives de développement et destravaux d’infrastructures.Par exemple,le président albanais Ilir Meta a évoqué le ?grand potentiel?de coopération entre Tirana et Beijing.Le président serbe Aleksandar Vu?i? a envoyé un message tout aussi positif.

La cérémonie de livraison du 500e A320 d’Airbus de l’usine de Tianjin,le 29 octobre 2020

Tournée vers l’avenir,la Chine fera le point sur les résultats de la tournée européenne de Wang Yi,qui n’incluait pas seulement les pays mentionnés plus haut,mais aussi quelques autres rencontres à Rome en marge du Sommet du G20,qui s’est tenu les 30 et 31 octobre.Sa rencontre avec le premier ministre néerlandais Mark Rutte en est représentative.Le gouvernement chinois n’ignore pas le nouvel environnement géopolitique et souhaite préserver de bonnes relations sino-européennes.

Quant à la stabilité,une analyse des paramètres régionaux est nécessaire.Au-delà du thème de relations sino-européennes elles-mêmes,Beijing examine attentivement les tensions en cours dans les Balkans.L’animosité apparente entre l’Albanie et la Serbie en raison de leurs graves désaccords sur le Kosovo entre dans cette catégorie.Une nouvelle vague de rivalité dans la péninsule balkanique aurait un impact sur l’initiative ?16+1?,à laquelle l’Albanie et la Serbie participent,et sur la connectivité commerciale au niveau régional.