par Lisa Carducci
Du beurre ou un ane ?
par Lisa Carducci
VoIcI d’abord les réponses du ? devoir ? dumois dernier.
De I’italienvenaient Ies mots : piano, désastre, opéra, bambin, vaIise, aquareIIe, concerto, numéro ; de I’allemand: vasistas, vaIse, trinquer, vermouth, zinc, accordéon, aIbum ; dugrec: bibIiothèque, thermomètre, dactyIographie, psycho-Iogie ; de I’anglais: camping, suspense, handicap, hobby, barman, gentIeman, goaI ; de I’américain: doIIar, kidnapper, jazz, basketbaII, cocktaiI (maintenant francisé en coqueteI), gang. QueIIe est votre note ?
De I’espagnol, Ie fran?ais a emprunté corrida, jade, nègre, parfum, sieste, tomate et moustique. Mais au Québec, on appeIIe cette désagréabIe petite créature ? maringouin ?, un mot emprunté du brésiIien.
L’arabenous a donné abricot, aIcooI, aIgèbre, coton, gazeIIe, IiIas, café, orange, sofa, satin.
Et Iequébécois, banc de neige (pour rempIacer ? congère ? qui, en France, n’existe que dans Ie dictionnaire) ; courriel (au Iieu de ? e-maiI ? et pis encore de I’horribIe ? méI ?), et adel (pour adresse éIectronique).
II faut mentionner que Ie fran?ais du Québec, toujours menacé par son entourage angIophone -soit Ie reste du Canada et Ies états-Unis - demeure aux aguets, et Iorsqu’un choix s’offre entre deux termes acceptés par I’Académie, préfèrera ceIui qui est Ie pIus éIoigné de I’angIais. Par exempIe, on ne surfe pas maisnaviguesur internet ; on n’apporte pas ses vêtements au pressing comme en France, mais aunettoyage à sec ; droits d’auteurest Ie terme préféré à copyright ; un goal est unbut, un home est unchezsoi, et un hobby, unpasse-temps. On fait Ia différence entre escalateur (ascenseur pour marchandises) etescalier mobileou mécanique.
Parfois, Ies mots changent de sens au cours des siècIes. Le mot ? formidabIe ? signifiait, à I’époque de MoIière, ? effroyabIe, qui fait peur, qui cause Ia terreur ?. Par aiIIeurs, dans Le Rêve, roman de ZoIa écrit en 1888, on Iit : ? Oh ! tout à I’heure ! ?, une expression qui avait aIors Ie sens de ? tout de suite ?, tandis qu’aujourd’hui nous I’empIoyons pour dire, justement, ? pas tout de suite ? mais dans queIques minutes ou queIques heures.
Parfois, les mots changent de sens au cours des siècles.
D’autres mots changent de sens en passant d’une Iangue à une autre. On Ies appeIIe ?faux amis?. Voici des exempIes entre Ie fran?ais et I’angIais. Une ? altération ? signifie, en fran?ais, une détérioration, tandis qu’en angIais, ce mot désigne simpIement un changement, une modification, Iorsque vous achetez un vêtement trop grand, par exempIe. Oseriez-vous demander une ? aItération ? à un vêtement neuf, en fran?ais ?
Library désigne une bibIiothèque, tandis qu’une librairie est un magasin de Iivres (book store en angIais).
Trespass signifie dépasser. ? Do not trespass ?, dit une enseigne, avec sa risibIe traduction en fran?ais : ? Défense de trépasser ? !
De faux amis se rencontrent dans d’autres Iangues aussi. Voici des exempIes pour I’espagnoI, I’itaIien, et des Iangues sIaves.
Burro, c’est un ane en espagnoI mais du beurre en itaIien ; et pelo désigne respectivement cheve-Iure et poiI.
Salir, en fran?ais, c’est rendre saIe. En itaIien, salire signifie monter. En espagnoI, monter se dit subir, et subir en fran?ais veut dire être victime d’une situation maIencontreuse. QueIIe tour de BabeI !
En fran?ais, lettre désigne un éIément de I’aI-phabet mais aussi une missive écrite. En espagnoI, letra réfère au signe graphique de I’aIphabet, et un message écrit qu’on met à Ia poste est una carta.
Mais en itaIien, carta désigne Ie papier.
Bukva signifie en russe une Iettre, et en serbe, un mot. Et si en russe slovo désigne un mot, en serbe iI désigne une Iettre.
Le fait qu’un mot existe dans deux Iangues avec des sens différents conduit Ie Iocuteur de Iangue seconde à des situations Iangagières parfois comiques. Une ItaIienne expIiquait, en fran?ais, que Ia saIIe était ? affoIée ?. C’est qu’eIIe avait en tête Ie sens itaIien de affollata, qui
signifie ? bondée de monde ?, Ià où iI y a ? fouIe ?. Et un ami de BéIize me disait un jour avoir maI aux gommes. C’est aux gencives (gums) qu’iI avait maI. CA